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L'Inde veut équiper ses grandes villes de lignes de métro

 

Les Echos, 27 octobre 2010

Confronté à une urbanisation galopante, le pays prévoit de construire des lignes de métro dans toutes ses grandes villes. Pas moins de 300 kilomètres de lignes sont en projet pour un marché estimé entre 10 et 12 milliards d'euros.

 

C'est peut-être le plus grand marché mondial du métro pour les décennies à venir : l'Inde, qui ignorait presque complètement ce moyen de transport depuis qu'elle a entamé son développement, entreprend de rattraper son retard. Alors qu'elle sera dans vingt ans le pays le plus peuplé de la planète, sa population urbaine va croître très rapidement. Selon une étude de McKinsey, 137 millions d'Indiens vivront en 2025 dans onze villes de plus de 4 millions d'habitants. Autant de très grandes agglomérations où la mise en place de transports en commun de grande capacité est une urgence absolue.

« L'Inde a en fait quinze ans de retard sur la Chine », note un spécialiste des transports, tandis qu'un autre renchérit : « Bombay n'a pas encore de métro opérationnel et l'agglomération a déjà 18 millions d'habitants ! » Aujourd'hui toutefois, les projets d'équipements se multiplient. Ce mouvement s'appuie sur « l'expérience remarquable du métro de Delhi », souligne Frédéric Noël, responsable pour l'Inde de Veolia Transport RATP Asie. Avec le lancement progressif depuis douze ans de 190 kilomètres de lignes de métro, dans le respect pour l'essentiel des budgets et des délais et avec un excellent niveau de qualité, la capitale a donné un exemple que tout le monde s'efforce de suivre.

Outre la phase trois du métro de Delhi, les quatre mégapoles de Bombay, Calcutta, Chennai et Bangalore ont des lignes en chantier. Et d'autres villes travaillent sur des projets à différents stades d'avancement (lire ci-dessous). Globalement, estime Jean-Charles Vollery, directeur général de Systra à New Delhi, « si on considère que les projets actuels portent sur 300 kilomètres de lignes, cela correspond à 10 à 12 milliards d'euros » d'investissements.

Partenariats public-privé

Construction du métro de Delhi

Deux grands modèles coexistent pour monter ces projets, poursuit-il : « Le tout-public, comme à Delhi, Calcutta, Chennai ou Bangalore. Et le partenariat public-privé (PPP) comme à Bombay ou Hyderabad » où le partenaire privé reçoit une concession de 30 ou 35 ans, à charge pour lui de construire et faire fonctionner le métro. Ces PPP sont appréciés par les entreprises qui veulent concevoir et exploiter ces lignes (par opposition aux simples fournisseurs). « En Chine, explique Frédéric Noël, il y a davantage de projets de métro, mais la plupart sont menés par des sociétés publiques. Ici, pas mal de projets nous sont ouverts ».

Les professionnels soulignent que les appels d'offres pour ces grands projets se font dans le respect des normes internationales, d'autant plus qu'ils sont généralement organisés par des consultants étrangers. Globalement, le génie civil est remporté par les groupes indiens de BTP et les équipements intermédiaires (rails, électrification...) « seront à l'avenir de plus en souvent réalisés par des Indiens », estime un spécialiste. Mais tout ce qui est matériel roulant, signalisation, billetterie reste pour le moment essentiellement étranger.

Cet énorme marché offre donc de grosses opportunités aux entreprises françaises, mais « à condition de bien comprendre comment ça marche, précise Jean-Charles Vollery. Il faut travailler ici, être très compétitif et trouver les bons partenaires ».

PATRICK DE JACQUELOT,
CORRESPONDANT À NEW DELHI


Encadré

LES PRINCIPAUX PROJETS
Delhi : phases 1 et 2 en service (190 km) ; phase 3 en préparation (70 km)
Bombay : phase 1 en construction (11 km) ; phase 2 en préparation (39 km)
Chennai : en construction (43 km)
Calcutta : phase 1 en service (22 km) ; phase 2 en construction (15 km)
Bangalore : en construction (42 km)
Hyderabad : en préparation (71 km)
Autres projets : Jaipur, Chandigarh, Ahmedabad, Pune, Kochi, Navi Mumbai, Gurgaon


Les entreprises françaises à la conquête d'un gigantesque marché

Parmi les nombreux acteurs qui s'affrontent sur les contrats du métro indien, quelques entreprises françaises commencent à s'imposer.

Le métro de Delhi, phase 2

Le plus gros contrat signé à ce jour par une entreprise française en Inde concerne la fourniture par Alstom de 168 voitures pour le métro de Chennai, pour 243 millions d'euros. « Ce contrat marque une vraie rupture par rapport à nos dix années de présence en Inde », se félicite Dominique Pouliquen, vice-président senior d'Alstom Transport Asie Pacifique. Pour la division transports du groupe, qui avait fourni des équipements de signalisation à la phase 1 du métro de Delhi, qui compte actuellement 200 personnes et deux sites de production en Inde, ce contrat de Chennai va lui permettre de changer de dimension. Les premières rames en acier Inox, livrées fin 2012, viendront de São Paulo. Mais Alstom va implanter une usine à Chennai, ce qui l'aidera dans les nouveaux appels d'offres. « Fabriquer en Inde est une considération nécessaire et minimum » pour y emporter des contrats, précise Dominique Pouliquen.

Thales, dont la division transports a équipé la phase 1 du métro de Delhi en matériel de télécoms et de billettique, va faire de même à Bombay et va fournir Bangalore en télécoms. Tout comme Alstom, le groupe veut changer de dimension. « Nous avons reçu 130 millions d'euros de commandes entre 2001 et 2009, explique David-Claude Pichavet, vice-président de la division Systèmes de transport de Thales, mais nous voulons être suffisamment crédibles tout en étant suffisamment indiens pour passer à 250 millions d'euros de commandes en 2012 ! » Pour ce faire, Thales veut ouvrir en Inde un centre d'intégration, avec des partenariats industriels sur place, de façon à concevoir « des solutions adaptées, moins coûteuses, plus simples en maintenance, plus faciles à intégrer », et susceptibles d'être ensuite vendues dans d'autres pays en développement.

« Effort de formation » 


La coentreprise Veolia Transport RATP Asie, de son côté, va devenir le premier opérateur privé d'une ligne de métro en Inde : la ligne 1 de Bombay, dont l'ouverture est prévue en 2011. Veolia Transport RATP détient 5 % du consortium qui exploite cette ligne en PPP, et recrute 550 personnes, des conducteurs au personnel d'entretien et de stations, pour la faire fonctionner. Ce qui suppose « un gros effort de formation », précise Frédéric Noël, responsable pour l'Inde de Veolia Transport RATP, qui exploitera également la future ligne 2 de Bombay, et regarde les autres projets en cours.

Systra, filiale commune de la RATP et de la SNCF, est, elle, un acteur majeur du secteur, comme consultant en ingénierie. Le groupe français, qui emploie une centaine de personnes en Inde, a réalisé, entre autres, l'étude de faisabilité de la phase 1 de Delhi, les études sur l'électrification de la phase 2. Il est maître d'oeuvre du métro de Bangalore, de la ligne 1 de Bombay et assiste diverses entreprises pour le métro de Chennai, etc.

Dans le même domaine, enfin, Egis fournit également des prestations de consultant, et notamment en tant que « consultant général » pour le métro de Chennai. La filiale de la Caisse des Dépôts travaille aussi pour les métros de Calcutta, Delhi et Bangalore.

P. DE J.

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