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La France cherche à attirer les cinéastes de Bollywood

 

Thèmes: Culture - France-Inde

Les Echos, 6 décembre 2013

Les classes moyennes indiennes adorent visiter les lieux où ont été tournés les films de Bollywood. Reste à faire venir en France les réalisateurs indiens.

Patrick de Jacquelot
Correspondant à New Delhi

L'occasion était trop belle : à l'occasion de l'ouverture du festival de cinéma de Bombay, en octobre, l'ambassadeur de France en Inde, François Richier, a exhorté metteurs en scène et producteurs indiens à venir tourner en France. Pour les autorités françaises, attirer les professionnels de Bollywood est stratégique pour une raison : l'enjeu touristique, lié à l'influence exceptionnelle qu'exerce le cinéma indien sur son public.

« Attirer en France des équipes de tournage britanniques ou italiennes c'est bien, mais ça ne fera pas venir davantage de touristes, explique un professionnel français. Alors qu'un film de Bollywood tourné dans un pays étranger peut avoir un impact considérable. » Les classes moyennes adorent les « Bollywood » et rêvent des paysages somptueux et des monuments exotiques (du genre Big Ben ou tour Eiffel) qui y sont montrés. Ces classes émergentes à fort pouvoir d'achat sont aussi celles qui découvrent les joies des voyages à l'étranger. La Suisse, lieu de tournage favori des Indiens depuis plusieurs décennies - pour eux, il n'y a rien de plus dépaysant que des cimes enneigées - est ainsi une destination prisée. Au point que des voyagistes y organisent des « circuits Bollywood ». Grand succès de 2011, le film « Zindagi Na Milegi Dobara », largement tourné en Espagne, a suscité un afflux de touristes indiens dans ce pays.

Tourné en Espagne, ce film à succès a suscité un afflux de touristes indiens dans la péninsule ibérique

Reste qu'attirer les cinéastes indiens en France ne va pas de soi. Car si les responsables de la promotion touristique de notre pays sont convaincus de l'intérêt de la chose, il n'en va pas de même de toutes les administrations. Voici dix-huit mois, un durcissement de la réglementation des visas a provisoirement rendu impossible la venue d'équipes indiennes. Au lieu du visa classique accordé aux hommes d'affaires, elles se sont vu astreintes à des visas de travail supposant que les techniciens indiens soient payés au moins au Smic français et que la direction départementale du travail des lieux de tournage donne son accord… « On a fait une espèce de protectionnisme au nom de l'emploi, comme si l'on pensait que des metteurs en scène indiens allaient trouver en France des cameramen ou des preneurs de son parlant hindi ou tamoul », soupire un responsable français. Ce durcissement de la réglementation a été annulé depuis mais il a laissé des traces.

Très sollicités

Ne pas mettre d'obstacles ne suffit pas. Les cinéastes indiens sont très sollicités, par les autres pays européens, par la Malaisie, la Thaïlande ou Singapour. Les incitations financières, y compris sous forme de subventions directes, sont parfois considérables. A défaut d'entrer dans la course aux subventions, la France a mis en place un crédit d'impôts, comme les autres pays européens. Problème : il ne joue qu'à partir d'un plancher de 1 million d'euros dépensés en France pour le tournage. Ce seuil exclut la plupart des projets de films indiens. « Une équipe indienne en France dépense typiquement de 35.000 à 40.000 euros par jour et reste deux semaines », note un professionnel. Aussi la profession demande une réduction du plancher de l'incitation fiscale à 500.000 euros.

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