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Quand l'Inde se prend de passion pour les cafés...

 

Thèmes: Business - Société

Les Echos, 22 février 2011

Les chaînes comme Starbucks et Lavazza convoitent ce marché naissant, mais au potentiel colossal, tandis que les classes moyennes se ruent dans les cafés à l'occidentale.

L'Inde est-elle en train de devenir un marché mondial de premier ordre pour le café (la boisson) et les cafés (qui la vendent) ? C'est la conviction des grands noms du secteur qui, de Starbucks à Lavazza, misent gros sur l'explosion de la consommation dans les années à venir. Une telle perspective aurait semblé absurde voilà encore dix ans, quand le thé régnait sans partage en tant que boisson nationale. Universellement présent, dans la rue ou dans les innombrables petits restaurants, le thé à l'indienne, servi avec beaucoup de lait et de sucre, et vendu trois fois rien, reste évidemment la boisson reine. Mais le café est en ascension rapide, porté par les nouveaux modes de vie d'une classe moyenne avide de nouveauté, de sophistication et de produits de consommation occidentaux (lire ci-dessous).

Deux géants du café

Coup sur coup, deux grands noms internationaux du café viennent d'annoncer d'ambitieux projets. En premier lieu, le groupe italien Lavazza, qui va consacrer 20 millions d'euros à la construction d'une usine de torréfaction dans le sud du pays. La capacité de 1.000 tonnes de café par an pourra être portée à 1.600 tonnes dans les trois années suivant l'ouverture, prévue l'année prochaine. Simultanément, le groupe italien prévoit de développer fortement son réseau de distribution. Lavazza a acheté en 2007 la chaîne des Barista, qui compte aujourd'hui 200 établissements dans les grandes villes du pays. D'ici à trois ans, ce nombre devrait avoir doublé. Selon Lavazza, la France, qui constitue actuellement son deuxième marché derrière l'Italie, sera supplantée par l'Inde avant cinq ans...

20 MILLIONS D’EUROS
L’investissement de Lavazza pour construire une usine de torréfaction dans le sud de l’Inde.


Coffee Day, leader du marché

La deuxième annonce vient du géant mondial Starbucks. Absent d'Inde jusqu'ici, le groupe américain a conclu un accord avec la filiale Tata Coffee du conglomérat Tata. D'une part, Starbucks va acheter du café à Tata et en torréfier dans les installations de ce dernier, d'autre part, les deux partenaires prévoient d'ouvrir des boutiques Starbucks à l'intérieur des établissements du groupe indien (hôtels, grande distribution...). Mais ce n'est pas tout. L'enseigne américaine est en négociations avec d'autres partenaires locaux afin d'ouvrir des boutiques indépendantes. Les chaînes internationales opèrent généralement ici en coentreprise en détenant 51 % aux côtés d'un partenaire indien minoritaire, comme pour le reste de la distribution monomarque.

Starbucks, qui voit dans l'Inde un potentiel aussi important qu'en Chine, veut en fait rattraper son retard. Car le marché domestique indien ne l'a pas attendu. Il est dominé par la chaîne Coffee Day et ses 1.050 points de vente. Originaire de Bangalore, la ville de la high-tech et de la jeunesse branchée, Coffee Day, dont KKR est l'un des actionnaires, compte pas moins de 150 cafés dans cette agglomération et entend bien reproduire ce succès partout en Inde. Troisième intervenant notable, l'enseigne internationale Costa Coffee, qui dispose de 70 cafés en Inde et prévoit de passer à 120 cette année. Les chaînes de cafés semblent ainsi parties pour un développement encore plus rapide que celles de la restauration rapide, comme McDonald's, qui détient un peu plus de 200 restaurants en Inde, et autres Pizza Hut.

PATRICK DE JACQUELOT,
CORRESPONDANT À NEW DELHI

Les classes moyennes font le succès des chaînes à l'occidentale

Des lieux confortables, modernes et standardisés, aux condition d'hygiène impeccables, où l'on se sent chez soi.

Amit Dahiyabadshah a un métier peu banal et dont il est très fier : « poète professionnel ». S'il réussit à gagner sa vie en faisant des vers, c'est parce qu'il déploie une large gamme d'activités qui vont de l'édition à l'organisation d'ateliers et de festivals. Son bureau : un « Barista » du sud de Delhi où il fait venir ses interlocuteurs en tout genres. Rien de tel que de discuter autour d'un café, assis dans des fauteuils club, pour résoudre les problèmes, estime-t-il.

Tout comme Amit, de très nombreux membres des classes moyennes fréquentent les chaînes de café à l'occidentale. Ils y trouvent un cadre moderne et standardisé, des conditions d'hygiène en principe impeccables et une gamme de consommations oh combien exotiques - au point que les Occidentaux sont parfois consultés pour expliquer la différence entre un espresso, un latte et un capuccino.

Entre soi 


Dans ces lieux très animés, où la musique d'ambiance est occidentale et sûrement pas Bollywood, la jeunesse dorée vient papoter et flirter, à l'abri des regards réprobateurs qui les guetteraient dans les bistrots traditionnels.

Enfin, les prix pratiqués dans ces cafés (environ 1 euro pour un simple express, beaucoup plus pour les boissons sophistiquées, contre 15 centimes d'euro pour un thé chez un marchand traditionnel) font que l'on peut se sentir entre soi...

P. DE J.

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