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Ladakh, l’Himalaya version bouddhiste

 

Thèmes: Culture - Société

Série Limitée, Les Echos, 13 avril 2012

Situé en plein Himalaya indien, cet ancien royaume bouddhiste déploie ses monastères dans des paysages grandioses de montagnes désertiques.

Voir les diaporamas Le Ladakh, bouddhisme et Himalaya, Ladakh, la vie rurale dans les hauteurs de l'Himalaya, Le bouddhisme, au coeur de la vie du Ladakh et l'article Des glaciers artificiels dans l’Himalaya

Par Patrick de Jacquelot

Début de matinée au monastère de Rizong, niché à flanc de montagne tout au fond d’une étroite vallée. Sras Rinpoché, l’une des plus hautes autorités du bouddhisme, préside l’office dans la salle de prières tout en haut de l’édifice. Une quinzaine de moines sont alignés sur deux rangs à travers la vaste pièce ornée d’une profusion de banderoles, de toiles peintes et de statues multicolores. Le chef spirituel et ses moines, vêtus des traditionnels vêtements rouge sombre et jaune vif, alternent les périodes de chants psalmodiés et de méditation silencieuse. Pendant ces dernières, les moines se balancent doucement sur eux-mêmes, répétant inlassablement en leur for intérieur des mantras, qui font parfois irruption sous forme de bruits de gorge indistincts. Au fond de la salle, quelques nonnes adolescentes, beaucoup moins concentrées, se dissipent gentiment en riant sous cape.

Après une longue période de méditation, de jeunes moines apportent à Sa Sainteté et à ses compagnons, ainsi qu’aux deux seuls visiteurs présents, un solide petit déjeuner : thé, galettes chaudes et confiture. Puis tout le monde sort pour une « récréation » d’un quart d’heure sur la terrasse ensoleillée qui fait face à l’Himalaya. Le secrétaire de Sras Rinpoché en profite pour expliquer que la séance de ce matin est consacrée à des prières pour le dalaï-lama et la paix du monde. La pause terminée, chants et méditations reprennent...

Monastère de Rizong

On est en plein cœur du Ladakh, ancien petit royaume bouddhiste situé dans l’Himalaya, à l’extrême nord de l’Inde et aujourd’hui partie intégrante de la république indienne. Souvent surnommée « Petit Tibet », la région a beaucoup plus en commun avec ce dernier pays qu’avec le reste de l’Inde. À bien des égards, le Ladakh peut même passer pour l’antithèse exacte du reste de l’État auquel il appartient : bouddhiste (et non hindou), presque désert, avec une densité de 2,5 habitants au kilomètre carré, froid (– 30°C l’hiver), paisible... Et si l’armée indienne y est omniprésente, c’est en raison de la proximité de frontières « difficiles » avec la Chine et le Pakistan.

Plus près de Leh, la ville principale, grosse bourgade pittoresque avec ses marchés tibétains et ses rues où nombre d’habitants portent toujours le costume traditionnel ladakhi, l’omniprésence du bouddhisme se fait encore plus évidente. Les monastères en pleine activité sont nombreux, même si « il y a moins de moines qu’avant », comme le déplore le fidèle Tsewang Chophell, lui-même arrivé ici tout enfant avec les réfugiés tibétains. Le monastère de Thiksey, par exemple, avec sa silhouette qui rappelle le Potala de Lhassa, compte malgré tout quelque 150 moines et continue à se développer. Son monumental Bouddha de 12 mètres de haut a été édifié en 1980 et la rangée de stupas qui découpent leurs formes blanc et or sur fond de montagnes désolées a été inaugurée par le dalaï-lama en 2010.

Pause entre deux séances de prières

Mais le Ladakh, ce n’est pas seulement le bouddhisme. C’est aussi une région aux beautés naturelles aussi grandioses que sauvages, un véritable « désert d’altitude » où d’immenses parois rocheuses, sans nulle trace de végétation, dominent des vallées situées à 3500 mètres. À cet égard, le monastère de Lamayuru vaut le détour : les pentes rocheuses qui l’entourent ont été sculptées par l’érosion en formes fantastiques, au point que les Ladhakis les surnomment « terres lunaires ». Le pays se révèle ainsi un endroit rêvé pour le trekking, sportif ou tranquille. Mais mieux vaut ne pas trop attendre pour visiter la région, car si elle est restée jusqu’ici largement à l’écart de la modernisation, les choses commencent à changer. L’environnement du Ladakh, très fragile, est menacé par une catastrophe écologique. Dans cette région où il ne pleut presque pas, qui dépend donc totalement des glaciers, la fonte de ces derniers se traduit déjà par des changements climatiques préoccupants : hivers de plus en plus doux, pénurie d’eau, glissements de terrain... Les trésors naturels, culturels et spirituels du Ladakh ne sont pas forcément là pour l’éternité.

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