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Chandrajit Banerjee : «Il y a d'énormes possibilités pour les entreprises françaises en Inde»

 

Les Echos, 14 février 2013

Le directeur général de la Confederation of Indian Industry (CII) attend beaucoup du savoir-faire des entreprises françaises dans la défense, l'agroalimentaire ou les infrastructures.

Comment voyez-vous les relations économiques entre l'Inde et la France ?

L'Inde est prête pour une nouvelle phase de croissance. Nous avons vu le pire du ralentissement économique, et nous prévoyons une croissance soutenue à l'avenir. Il y a donc place pour énormément de coopérations entre les deux pays. L'Inde veut devenir un centre industriel majeur, avec une nouvelle politique industrielle qui se met en place. Dans la défense, les besoins sont gigantesques : il doit y avoir collaboration tant dans la recherche-développement que dans les achats de systèmes de défense. Je vois aussi plein de possibilités dans l'agroalimentaire. La grande distribution s'ouvre aux investissements étrangers, nous avons besoin d'améliorer notre productivité, notre chaîne du froid...
Un autre domaine dont nous parlons depuis longtemps mais où il ne s'est pas passé grand chose, c'est la pharmacie et les biotechnologies, et la R&D dans ces secteurs. Nous pouvons avoir des opérations conjointes de recherche.

Qu'en est-il des infrastructures ?

L'Inde va y investir mille milliards de dollars en cinq ans. Il y a plein d'opportunités dans les trains à grande vitesse, les métros, l'aérien civil, où nous allons investir 80 milliards de dollars en avions et 30 milliards dans les aéroports. Il y a aussi les villes nouvelles, la fourniture d'eau, le traitement des déchets, les autoroutes, les énergies renouvelables et le développement durable. Nous attendons de la France des technologies dans tous ces domaines.

Dans la réalité, les échanges entre les deux pays sont décevants...

En effet, on visait 15 milliards de dollars d'échanges et nous en sommes loin. Mais c'est largement dû à l'environnement économique général. Ces objectifs peuvent être atteints bientôt, étant donné les perspectives de croissance en Inde.

Chandrajit Banerjee, directeur général de la CII

En fait de croissance indienne, on parle en ce moment de 5 ou 5,5%, très loin des 9% d'il y a quelques années...

Tout le monde prévoit un fort rebond. Dans les toutes prochaines années, on va revenir à 7 ou 7,5%. Notre nouveau plan quinquennal prévoit une croissance de 8%.

C'est une prévision qui suscite beaucoup de scepticisme...

Oui, mais c'est ce dont l'Inde a besoin, si nous voulons fournir des emplois. Si nous pouvons adopter le bon policy mix, comme c'est le cas depuis quelques mois, nous pourrons retrouver une croissance forte.

Les hommes d'affaires français qui opèrent ici disent rencontrer de grandes difficultés...

Oui, c'est un fait que le classement de l'Inde pour la facilité des affaires est plutôt bas. Mais des initiatives sont en cours. Par exemple, dans les nouvelles zones industrielles il sera beaucoup plus facile d'opérer en matière d'environnement ou de règles sociales.

Certaines entreprises françaises se heurtent à des difficultés particulières, comme Louis Dreyfus qui a dû quitter le port de Calcutta suite à des violences locales.

Il peut des y avoir des cas particuliers très malencontreux. Mais le climat général des affaires n'est pas difficile pour les entreprises françaises en Inde.

La présence des entreprises indiennes en France est très faible. Le ministre français du Redressement industriel a dit récemment que Lakshmi Mittal n'était pas le bienvenu en France. Cela a-t-il eu un impact ici ?

Les entreprises indiennes ont une vision très positive de la France. Au delà de telle ou telle déclaration, elles iront là où le climat est positif.

Etes-vous confiant dans le fait que les grands contrats dans le nucléaire et la défense vont déboucher, en dépit des coupes budgétaires en cours ?

Ce sont deux domaines cruciaux de collaboration, considérés comme essentiels par le gouvernement. Je crois que ses priorités sont claires quant aux dépenses qu'il veut couper et celles qu'il veut préserver.

L'approche des élections générales peut-elle induire un gel des décisions ?

Le gouvernement a une fenêtre d'opportunité pour agir. Parce que si la croissance augmente dans les prochains mois, ce sera positif pour lui lors des élections. Cette fenêtre ne sera pas très longue : idéalement, nous voudrions que les grands contrats soient signés dans les six ou sept mois qui viennent.

Propos recueillis par Patrick de Jacquelot

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