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Le Bangladesh se fait sa place dans le club des émergents

 

Thèmes: International

Les Echos, 8 avril 2014

Grâce à son potentiel de croissance, il vient d'être placé par Coface parmi les pays émergents les plus prometteurs.

Voir les articles Le textile du Bangladesh, un an après le désastre, Sultana, Kavita, Abdul et Cie, dans les bidonvilles du textile au Bangladesh, Le textile, un secteur clef pour le développement du Bangladesh, et les diaporamas Dans un bidonville des ouvriers du textile, Le textile, entre prospérité et catastrophes et Dacca, une capitale surpeuplée.

Patrick de Jacquelot
— Envoyé spécial au Bangladesh

En incluant le Bangladesh dans la liste des dix nouveaux pays émergents « à qui les BRICS sont en train de céder la place » (« Les Echos » du 26 mars), Coface a créé la surprise. Car le Bangladesh est davantage associé aux accidents industriels massifs comme celui qui a frappé l'industrie textile en avril dernier, aux catastrophes climatiques et à la pauvreté qu'au développement économique. Et pourtant, ce pays de 160 millions d'habitants bénéficie bien d'importantes perspectives de croissance.

Ce qui est remarquable, souligne en fait Zahid Hussain, chef économiste de la Banque mondiale à Dacca, c'est l'accélération régulière de la croissance du pays : de 3 % par an dans les années 1970, elle est passée à 4 % dans les années 1980, 5 % dans les années 1990 et 6 % dans les années 2000. Elle a un peu ralenti depuis, et devrait s'établir « un tout petit peu sous les 6 % pour l'année budgétaire » à fin juin, prévoit Hassan Zaman, chef économiste de la banque centrale du pays, mais devrait ensuite s'établir au-dessus de 7 % d'ici à cinq ans.

Population jeune

Moitié plus d'habitants en 2050...

Parmi les atouts du Bangladesh figurent un cadre macroéconomique solide et une classe entrepreneuriale qui, à partir d'une économie basée sur l'exportation de jute à l'état brut, a créé en quelques dizaines d'années le deuxième secteur de l'habillement de la planète derrière la Chine, affirme Zahid Hussain. A l'actif du pays, également, des performances honorables en matière de développement humain : le Bangladesh se targue de meilleurs indicateurs pour la vaccination, l'alphabétisation et la mortalité infantile que l'Inde, pourtant presque deux fois plus riche par habitant. Des performances que l'économiste de la Bangladesh Bank attribue, entre autres, aux nombreuses ONG actives dans le pays, et au rôle des femmes, soutenu par le microcrédit et les emplois du textile. Dernier atout : « l'avantage démographique » de ce marché de 160 millions d'habitants bénéficiant d'une population jeune et d'une « classe moyenne en forte croissance », souligne Kazi Rahman, patron de Total dans le pays.

Tout cela n'efface pas les difficultés bien réelles du Bangladesh. Avec un PNB par habitant tournant cette année autour de 1.000 dollars, le pays reste parmi les plus pauvres de la planète. Il est aussi l'un des plus exposés aux changements climatiques et à la surpopulation. Les 160 millions d'habitants s'entassent sur un territoire grand comme un gros quart de la France métropolitaine. Ils seront 250 millions en 2050… Dans l'immédiat, deux catégories de problèmes pèsent sur la vie quotidienne des entreprises comme celle des particuliers. Les déficiences des infrastructures, d'abord. Les coupures électriques sont fréquentes, les transports inadéquats : « La deuxième ville du pays, Chittagong, n'est qu'à 228 km de Dacca, mais ceux qui le peuvent y vont en avion », s'étonne un observateur occidental.

Quant au climat politique, il se caractérise par la violence des affrontements entre les deux partis qui alternent au pouvoir depuis plusieurs dizaines d'années. Les élections générales, fin 2013, se sont accompagnées de plus de 70 journées de grève générale, paralysant la vie des entreprises. Autant d'éléments qui, conjugués à la complexité administrative et à la corruption généralisée, justifient que dans l'étude de Coface sur les nouveaux émergents, le Bangladesh ait été placé dans la sous-catégorie des pays où l'environnement des affaires est «  très difficile ».


Quelques pionniers français se lancent

De Degrémont à Lafarge en passant par Thales ou Morpho, un certain nombre d'entreprises françaises s'intéressent au marché bangladais.

Dans les rues de Dacca, quelques signes de présence française

Encore peu nombreuses sur le terrain, les entreprises françaises commencent malgré tout à regarder le Bangladesh. La plus visible est Degrémont, filiale de Suez, qui gère deux usines de traitement de l'eau à Dacca. Un secteur où les perspectives de développement sont énormes : le groupe regarde trois projets de nouvelle usine autour de la capitale. Son éternel concurrent Veolia pourrait d'ailleurs se joindre à Degrémont sur certains projets. Autres grands groupes déjà actifs  : Sanofi avec une usine pharmaceutique, Lafarge avec la plus grosse cimenterie du pays, ou Total avec une activité de distribution de bouteilles de gaz.

Un contrat ambitieux

Plusieurs entreprises étudient des projets : Bull pour un appel d'offres de système informatique du gouvernement, Technip pour une installation pétrolière, Morpho pour des projets de carte d'identité et de base de données de la Commission électorale, Thales pour un satellite commercial, Alstom dans les transformateurs électriques… Le domaine des infrastructures est porteur. L'Agence française de développement participe au financement d'une ligne de bus rapides desservant l'aéroport de Dacca, qui sera le premier transport de masse de la capitale. Le consultant Systra fait partie du consortium réalisant les études de ce projet, auquel s'intéresse également Lumiplan pour la signalétique et les systèmes d'information.

L'ampleur des besoins en infrastructures a permis au consultant belge Ecorem de remporter un contrat ambitieux : la conception d'un système de gestion des déchets pour tout le pays. Une mission qui comprend la mise en place d'une infrastructure pour la collecte, le traitement et le stockage des déchets, y compris la construction d'abattoirs et de centres de traitement des déchets médicaux.

P. de J.

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