Fort de ce triomphe électoral, Modi a fortement accentué sa politique fondée sur l’hindutva, la doctrine de la suprématie hindoue par rapport aux autres religions du pays, et singulièrement la religion musulmane. Des décisions choc se sont succédé comme la révocation du statut particulier dont bénéficiait le Cachemire, seul État de la Fédération indienne à majorité musulmane, ou le lancement de la construction d’un temple consacré au dieu Ram sur l’emplacement d’une mosquée détruite par les militants hindouistes. Point d’orgue de cette politique : une loi donnant la possibilité d’accorder la nationalité indienne aux étrangers à condition qu’ils ne soient pas musulmans. Projet qui allait jeter dans les rues indiennes des dizaines de milliers de manifestants et mettre à feu et à sang certains quartiers de Delhi.
En parallèle, la dérive « illibérale » du régime s’est accentuée avec de nombreuses mesures frappant les médias, les universités, les ONG, et le recours de plus en plus fréquent aux lois anti-sédition contre les opposants. Simultanément, l’Inde a subi de plein fouet la crise du Covid-19. Un confinement extrêmement brutal a jeté sur les routes des milliers de migrants de l’intérieur privés de toute ressource du jour au lendemain et cherchant à regagner leur village d’origine. L’économie, déjà en net ralentissement avant la crise sanitaire, s’est effondrée au deuxième trimestre 2020 avec une chute du PIB de 24 %. L’heure est désormais au rebond mais des inquiétudes demeurent quant à l’impact de la crise sur le secteur informel dont dépend la majorité de la population. L’adoption de mesures de modernisation de l’agriculture suscite en outre un rejet massif de la part des paysans dont la colère ne faiblit pas depuis plusieurs mois.